Lettre ouverte aux cinq syndicats
soutenant la candidature de Paris aux JO 2024
Paris, le 21 avril 2017
Messieurs les Secrétaires généraux de la CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC,
En mars 2017, vous avez signé une « Charte sociale » avec le Groupement d’intérêt public (GIP) Paris 2024 chargé de promouvoir la candidature de Paris aux Jeux olympiques.
Cette signature pose des problèmes très sérieux.
En effet, la phase 3 du dossier de candidature de Paris prévoit (p. 49) le vote par le Parlement français d’une « Loi olympique et paralympique » « permettant de réduire les délais et d’asseoir juridiquement les projets ». Cette loi a vocation à mettre entre parenthèses, pour les Jeux olympiques, les règles sociales les plus fondamentales : travail de nuit, du dimanche, congés, détachement des travailleurs salariés, bénévolat. Tout sera prévu dans cette loi spéciale qui suspendra les règles élémentaires du droit du travail. Cela constituera une régression considérable et un précédant inquiétant pour les syndicats que vous êtes. Dans ce contexte, aucune des garanties dont vous dîtes vous être entourés ne tiendront.
L’exemple des Jeux olympiques passés devraient vous alerter : tous les Jeux ont permis une sur-exploitation d’une main-d’œuvre gratuite (aimablement désignée comme bénévole), et une précarisation des salariés auxquels sont offerts comme des miettes des contrats ultra-précaires. Nous ne parlons pas seulement de l’exploitation de la main-d’œuvre dans les pays organisateurs des Jeux olympiques précédents, dont certains ne sont pas des démocraties, mais bien d’exploitation en France même.
Deux éléments sont inquiétants : le renforcement du bénévolat ; la précarisation du travail.
1- Le bénévolat : le GIP annonce que quelques 80 000 personnes seront bénévoles. Dans un contexte de chômage massif, la promesse que vous avez signée que soit « valorisé l’engagement personnel des bénévoles mobilisés par la validation des acquis de l’expérience ou une certification» n’est rien d’autre que la promesse pour les petites mains de travailler gratuitement dans l’espoir que cela leur serve de marche-pied au marché du travail. Comme syndicats, vous êtes bien placés pour savoir que cela ne fonctionne pas.
Est-ce le rôle des syndicats que d’accepter le recours au bénévolat massif contre la promesse de gagner des « acquis d’expérience » ?
2- La précarisation du travail : comment prétendre par exemple que les marchés publics relatifs aux Jeux olympiques seront développés pour « prendre en compte l’insertion par l’activité économique et intégrer des clauses de responsabilité sociale et environnementale dans les marchés publics » ? Avez-vous obtenu que les règles de passation de marchés publics soient modifiées de sorte que soudainement ce qui existe déjà et ne parvient pas à lutter contre le chômage de masse devienne par miracle efficace ? Les entreprises répondant aux marchés publics n’utiliseront-elles pas les facilités offertes par la directive européenne relative au détachement des travailleurs détachés pour la contourner allègrement ?
L’affirmation selon laquelle vous entendrez « Porter une attention particulière aux salariés détachés afin de favoriser leur accès à l’information et le respect de leurs droits, notamment par l’accompagnement des employeurs » manifeste l’impasse dans laquelle vous vous êtes engagés : quels moyens concrets « d’accompagner les employeurs », que veut dire concrètement « porter une attention particulière » aux salariés détachés ? Ce type de langage sans consistance réelle ressemble furieusement à la promesse du Medef de créer un million d’emplois en échange d’un fort allégement des charges.
Les promesses portées par le texte que vous avez signé sont floues : il est question de « porter attention », « d’accompagnement », de « favoriser » – rien de concret ni de sérieux.
Seules les actionnaires des grandes entreprises bénéficieront des retombées des Jeux olympiques en engrangeant les gaspillages éhontés d’argent public que ceux-ci occasionneront.
Est-ce bien dans le rôle des syndicats d’appuyer une candidature promue par des élus inconstants qui, à l’instar de Mme Hidalgo, a promis de refuser la candidature de la Ville avant de changer d’avis une fois devenue Maire ? Est-ce bien le rôle des syndicats représentatifs des salariés de soutenir une candidature dispendieuse, source de gaspillages d’argent public (donc des impôts de ces mêmes salariés) et orientée vers la satisfaction des grandes entreprises sponsors ?
Nous ne manquerons pas de faire connaître à vos adhérents en lutte permanente pour la défense des droits des salariés sur le terrain, l’incohérence de votre positionnement, et sa gravité.
Messieurs les Secrétaires généraux, vous porteriez une responsabilité énorme si Paris devait être désignée pour l’organisation de Jeux olympiques dont nul ne peut ignorer qu’ils sont ceux du béton, de l’argent et des sponsors.
Le Collectif pour le NON aux JO 2024
Copie à Solidaires, UNSA, FSU
Syndicats de Police (CGT – FO – CFDT)
Syndicats des travailleurs du bâtiment (CGT – FO – CFDT)
Syndicats de la grande distribution et des services (CGT – FO – CFDT)
Contacts
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Appel à référendum
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